MENU
Disques de Bernard Rétif
En 1997 lorsque je me suis attelé à la réalisation de ce disque l’état de la technologie n’était pas celui que nous connaissons actuellement !
Néanmoins, j’ai décidé de tout faire à la maison et en tout numérique. C’était une démanche nouvelle pour l’époque et même très ambitieuse. Néanmoins, le piano et le clavecin ont été enregistrés au Conservatoire de Caen et la harpe a été enregistrée dans le studio de Igor Kirkwood. Les enregistrements hors de la maison ont été effectués avec un magnétophone DAT.
Dans la mesure où je souhaitais faire un disque entièrement acoustique (sans synthétiseurs séquencés en MIDI (sauf les complices du sous-sol qui avait en fait été oublié sur le disque précédent), il fallait s’équiper pour l’audio et renoncer à mon cher Notator sur Atari. Passionné de technique, j’ai choisi de ne pas utiliser un magnétophone multipistes. Fostex était très en vogue à l’époque ainsi qu’une drôle de machine 12 pistes Akaï.
Après beaucoup d’hésitations, j’ai choisi d’acquérir un PC. C’était une décision difficile à l’époque. Je maîtrisais pourtant bien le Mackintosh, Performer, Max (midi à l’époque) etc… Mais j’avais vu disparaître le Sinclair, l’Amiga ainsi que d’autres marques ; je m’attendais donc à une possible disparition du Mac. Il n’a pas disparu en fait, mais ne représente toujours qu’un faible pourcentage des plateformes installées sur la planète, même si la marque sait se rendre très visible.
Un PC pentium 120 sous Windows 95 avec 64Mo de Ram et un disque SCSI de 2Go. Vous souvenez vous qu’une telle machine coûtait 20 000 F à l’époque? Il n’y avait pas de graveurs. Les sauvegardes se faisaient sur cassette DAT fichier par fichier !
Mon intention première était d’utiliser Logic Audio qui venait d’apparaître. Mais cette version balbutiante ne marchait pas bien du tout.
La carte audio était une Audiomedia III de Digidesign. Les passionnés de carte mère se souviendront que les bus PCI utilisaient le PCI Burst Mode (compression de données grande génératrice de clics audio!).
J’ai décidé d’utiliser le logiciel Session qui autorisait 8 pistes audio mais pas de MIDI. L’Atari et Notator étaient synchronisés pour assurer clic et guide en évitant ainsi de consommer une des huit précieuses pistes. Bien sûr il a fallu faire de nombreux reports de six pistes vers les deux pistes restantes en priant pour que ce pré-mixage convienne lorsque les autres pistes seraient ajoutées. Ce qui était un progrès décisif à l’époque, c’est que contrairement à ce qui se passait avec un magnétophone multipiste, les pistes originelles n’étaient pas perdues. (Elles étaient backupées sur une cassette Dat). Naturellement 2 Go n’étaient pas suffisant pour tout le disque. En cours de séance avec un musicien, il fallait backuper sur Dat (en temps réel, piste par piste) et recharger les autres chansons. Il fallait de la patience et de l’espoir !
Le mixage
Les effets insérables n’existaient pas, pas plus que les EQ. Tout ce qui était possible c’était d’envoyer les pistes vers un (un seul) effet externe (en l’occurrence une réverbération). Autant dire que ce disque ne regorge pas de traitements audio. (Pas de noise-gate, pas de compresseur et des prises audios one-shot.) Le fait d’avoir une version sans clic audio était déjà un miracle. Le master était couché en temps réel sur un magnétophone DAT. Cette cassette était ensuite confiée par la maison de disque à un studio de mastering qui était tout puissant sans que je puisse être convié à cette opération. Une bande exabyte avec les codes PQ était ensuite fournie à l’usine des CD (ici MPO).
Avec le recul, habitué aux formidables moyens dont nous disposons maintenant, je me dis que nous étions bien patients et courageux !