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Enregistrement stéréo avec un couple de micros – Partie IV

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Enregistrement Stéréo avec un couple de microphones

Partie IV Généralités et points de détails

Audio
Stéréo
Couple de microphones
Mike Williams

Généralités

Après avoir lu les articles de cette section nous pouvons convenir que : 

  • La prise de son au couple est un artisanat et un art
  • La prise de son est une interprétation de la réalité
    Comme en peinture, en photographie ou lors d’une description littéraire, le résultat ne saurait être identique à la réalité. Il s’agit d’une interprétation ou d’une représentation.
  • La qualité du résultat est une question d’opiniâtreté et de talent. L’impression ressentie par l’auditeur peut être sidérante.

Il n’y a pas de combinaison ou tout s’arrange : chaque situation est unique. Si l’on vous propose un système fixe, valable pour tous les cas : c’est qu’il est erroné dans la plupart des cas ! On ne procède donc jamais de la même façon. Dans ce domaine (comme dans tous les autres), la solution fixe, le preset etc. ne s’applique qu’à un seul cas et ce n’est jamais le nôtre, c’est seulement celui du créateur du preset.

Nous avons appris et compris que :

  • plus l’angle entre les microphones est important et moins le champ de capture est grand
  • plus la distance entre les microphones est importante et moins le champ de capture est grand
  • La distribution stéréophonique est relativement simple à optimiser (occupation de l’espace total ou partiel)

La linéarité angulaire n’est pas un idéal indispensable (à cause de l’angle des enceintes qui resserre les phénomènes perçus) et parce qu’un léger tassement est préférable à un manque de présence sur les bord (fuite des côtés) sans aller non plus jusqu’à l’effet Moïse, (excès de réverbération au centre), qui n’est pas souhaitable non plus.

Selon le lieu nous tenterons de nous rapprocher ou de nous éloigner des zones hachurées de l’abaque (favorisant ou défavorisant la réverbération par rapport au son direct)

On constate que les objets sonores riches en transitoires sont mieux localisés à la reproduction (l’étude de la psychoacoustique nous renseignera sur la raison de cela). La perception de provenance des sons graves est souvent faible.

Il faut ajouter à cela que la courbe de réponse des microphones n’est pas constante sur l’ensemble de la courbe de directivité du microphone selon la bande fréquence considérée.

La distorsion angulaire n’est pas constante pour le spectateur ; selon son éloignement : le spectateur un peu éloigné percevra les bords assez tassés.
Mais si l’on positionne le dispositif à la place du spectateur, le son paraitra lointain (rapport son direct son réverbéré).
Avec un positionnement rapproché du dispositif, si l’on cause une légère distorsion angulaire, elle ne sera pas très différente de celle que ressent l’auditeur éloigné de la scène sonore.

Ajoutons à cela que les différences angulaires seront resserrées par la diffusion sur le système d’enceintes à 30°

Distorsion angulaire Source Michael Williams
Distorsion angulaire (Source : Michael Williams)

Les réflexions sonores

En plus des phénomènes décrits au niveau du rapport son direct / son réverbéré, nous pouvons tenir compte de la réverbération en la considérant comme une multitude d’objets sonores, (une partie seulement sera dans la zone de captation optimale stéréo). La sensation « d’espace » autour des musiciens dépendra de ce phénomène.

 

La question de la compatibilité mono

Historiquement, en raison de l’existence d’électrophones mono, de récepteurs radio mono, de téléviseurs mono, de la diffusion en modulation de fréquence et de la difficulté de mastering des disques vinyles, il fallait veiller à éviter les problèmes de phases et s’assurer que la sommation des deux canaux de la stéréophonie n’amène aucun problème.

Les solutions de prise de son à base de capsules coïncidentes étaient donc plébiscitées.

Par la suite, tout est devenu stéréo, chaines hifi, radio fm, télévision, CD, SACD : c’était l’âge d’or de la stéréophonie.

On a alors cessé de se préoccuper de la compatibilité mono.

Les solutions de prise de son à base de capsules distantes ont alors été les plus retenues, car elles sont beaucoup plus efficaces en matière de perception humaine pour le rendu stéréophonique.

Dans ses des allers-retours dont l’histoire humaine est friande, on assiste actuellement à la réapparition d’appareils mono.

Nous voyons se développer l’écoute de la musique sur des smartphones mono, sur des enceintes connectées mono, sur des PC portables aux enceintes minuscules et sous le boitier. Les disques vinyles reviennent et sont peu compatibles avec des canaux hors phases. Nous rencontrons également toutes sortes de compressions (MP3 et autres, détruisant la stéréophonie) qui sont omniprésentes dans notre espace de vie sonore.

Ces appareils mono, ces enceintes stéréo éloignées de quelques centimètres seulement, ces systèmes de transmissions avec compression des données (Bluetooth, mp3 etc.) doivent nous conduire à nous interroger à chaque étape de la création d’un phonogramme : que restera-t-il de nos efforts ?

Les micros d'appoints

Il arrivera que l’on ne puisse éviter l’utilisation d’un micro d’appoint.

Lorsque malgré tous nos efforts de placement du dispositif de microphones et de placement des musiciens, le résultat n’est pas satisfaisant du point de vue de l’équilibre des instruments entre, eux, il faudra se résoudre à utiliser un ou des microphones d’appoint. Lorsque l’on est amoureux de la prise de son au couple et des résultats inouïs qu’elle procure, c’est un grand souci. Ce ou ces microphones supplémentaires risquent de détruire  le délicat phénomène de la stéréophonie.

Heureusement, la solution existe. Il faut donc installer un microphone d’appoint, régler correctement le niveau et le panoramique (enlever un peu d’aigu aussi) et surtout, mettre en œuvre une ligne à retard  afin que le son produit par ce microphone de proximité n’arrive pas avant ce même son, reçu par le couple principal. Il suffit de mesurer la distance entre le micro d’appoint et le couple et d’appliquer le retard correspondant au canal audio du micro d’appoint.

En divisant la distance par la vitesse du son dans l’air (en mètres par seconde), on obtient le temps de retard à appliquer (en secondes).

On se base en général sur la vitesse du son dans l’air à 25° Celsius et une pression atmosphérique normale soit : 343 mètres par seconde.

Le couple MS (Mid Side) - Cinéma et Vidéo

Un couple stéréophonique MS est composé d’un micro omnidirectionnel, hypo-cardioïde, cardioïde ou hyper-cardioïde et d’un microphone bidirectionnel, dit « à lobe de directivité en 8″dont l’axe est perpendiculaire au précédent. Couple dans lequel G=M-S et D=M+S.

Pour le dématriçage, 

Il vous suffit :
1 – De câbler la voie « M » du cardioïde sur la voie 1, Pan-Pot (dit aussi « panoramique » ou « potentiomètre panoramique ») au Centre,
2 – De câbler la voie « S » du bidirectionnel sur la voie 2, Pan-Pot à Gauche,
3 – De récupérer cette modulation (de préférence en Post-Fader), d’en inverser la phase par commutation interne à la console ou en utilisant un câble croisé et de l’envoyer dans la voie numéro 3, Fader à Zéro dB de gain, Pan-Pot à Droite.

Tous les enregistreurs portables, les logiciels audio et les interfaces de cartes son permettent le dé-matriçage MS.

Les avantages de cette technique sont que :

  • En cas de besoin on a un canal mono (dialogue sans ambiance)
  • L’ouverture du couple se règle à postériori (lors du dé-matriçage)

Cette technique est très prisée dans le monde du cinéma, de la vidéo et du reportage.

Il faut noter aussi qu’il s’agit d’une stéréophonie à capsules coïncidentes compatible mono.

L'esthétique sonore de la proximité

L’enregistrement multi-micros et même multipistes est  la pratique dominante en matière d’enregistrement de l’orchestre symphonique. Il offre de nombreux avantages puisqu’il permet de gérer facilement les rapports dynamique entre les instruments et de raccourcir ainsi les sessions d’enregistrement et donc les coûts. Néanmoins, cette méthode n’offre pas à l’auditeur la vraie magie de la stéréophonie (voir au début de cet article la question de la monophonie dirigée). Les choses ne sont pas totalement tranchées puisque, beaucoup d’enregistrements multi-micros exploitent aussi un ou des couples. Dans certains cas, nos nous trouvons en fait avec un couple principal avec des micros par instrument qui sont traités comme des micros additionnels par rapport à ce couple (voir ci-dessus). Il va de soi que ce grand nombre de micros risque d’amener des phénomènes d’oppositions de phase qu’il faudra surveiller avec attention.

Dans certains domaines, la musique baroque en particulier, l’enregistrement au couple est très prisé.

L’enregistrement de l’orchestre en multi-micros a fait évoluer l’esthétique sonore en particulier à cause de la musique de film symphonique, presque exclusivement enregistrée en multi-micros ou réalisée avec des instruments virtuels.

L’oreille de l’auditeur s’est habituée à des plans sonores très resserrés en matière de profondeur, les percussions, les solo de bois, les cuivres, semblent aussi proches de l’auditeur que les cordes.

Bien souvent, des personnes qui viennent pour la première fois au concert (attirés par le programme : suite Star Wars ou Suite Harry Potter…) trouvent que bois, cuivres et percussions sonnent trop peu et trop loin ! Il découvrent une réalité au concert moins séduisante que la musique enregistrée. heureusement, la présence de musiciens vivants, le partage avec les autres spectateurs font vite oublier cela.

En matière d’enregistrement au couple de grande formations, il importe de trouver des solutions pour resserrer l’espace en matière de profondeur.­

La solution repose en général sur l’utilisation d’un couple AB positionné très en hauteur et un peu en avant du chef d’orchestre. Il peut être sur une très grande perche ou alors suspendu dans les cintres de la cage de scène.

Micros suspendus
Source : Bavarian-Radio-Symphony
Dans cet article 📍