Etat de l'art de l'imitation instrumentale avec les outils de l'informatique musicale.
Imitation
Orchestre
Banques de sons
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La constante évolution des logiciels et matériels de production musicale nous permet d’être capable d’imiter à la perfection le jeu des instruments de l’orchestre symphonique. Les générateurs de son softwares (dits instruments virtuels), nous conduisent à des progrès décisifs.
Dès l’apparition des synthétiseurs, l’imitation des instruments réels avec ceux-ci, a été une préoccupation constante. Ce n’est que depuis quelques années que l’on peut parler d’imitation réussie. Le célèbre compositeur de musique de film Hans Zimmer, réalise essentiellement ses compositions en utilisant exclusivement les moyens de l’informatique musicale. L’exemple d’un tel compositeur est intéressant, car on ne peut soupçonner de sa part que ce choix soit dicté par un manque de moyens. Il s’agit bien d’un choix artistique : maîtriser de bout en bout la création musicale.
L’éventuelle question de la déshumanisation de la création musicale que peut amener ce procédé de composition mérite d’être posée. Comme dans toutes les activités humaines depuis le début de l’industrialisation, nous perdons sans doute quelque chose d’humain, chaque fois que nous nous dotons d’un nouvel outil. Mais chaque fois, les outils nous ouvrent de nouveaux horizons que nous n’aurions jamais entrevus sans eux. Dans notre cas précis, qui, sans ces moyens, pourrait disposer quand il le veut d’un orchestre symphonique de 120 musiciens?
Le cyber-musicien que nous décrivons ici est un personnage particulier car ses compétences doivent être très étendues. En effet, l’ancienne séparation des tâches, qui voulait que le compositeur, l’orchestrateur, le chef d’orchestre, l’interprète, et l’ingénieur du son soient des personnes différentes, disparaît en partie.
Avec ces nouveaux moyens, la tâche de compositeur ou d’orchestrateur peut être maintenue telle qu’elle était anciennement, avec un travail à la table, sur le papier réglé, avec le crayon et la gomme. Mais il est aussi possible de confondre en une seule tâche la démarche de composition, d’orchestration et d’interprétation, ce qui transforme fondamentalement la manière de procéder. La composition peut devenir une sorte de super improvisation. Le compositeur qui, de par la lenteur du crayon voyait mûrir ses idées automatiquement (par le délai entre les étapes), passe directement de la première idée à la réalisation finale. Il lui faut donc la volonté de remettre sur le métier son travail pour conserver la même qualité de composition, d’aucuns diront que la spontanéité y gagne ! Mais tous les créateurs seront d’accord : la meilleure spontanéité est celle qui est mûrement réfléchie… D’autre part, le compositeur travaillant directement avec les timbres de la réalisation finale peut se voir entraîné par ceux-ci dans une direction qu’il n’a pas complètement choisie. Le plaisir procuré par les sons de nos systèmes actuels peut conduire à laisser courir la musique sans la contrôler.
Le chef d’orchestre/interprète, doit faire preuve d’une grande exigence envers son interprète : lui-même. Dans la réalité, le chef d’orchestre réagit à ce que lui propose l’interprète. Il n’a jamais à se soucier de savoir si le geste instrumental est possible sur l’instrument car l’instrumentiste le lui fait entendre immédiatement. De plus, le chef peut obtenir de l’interprète par un geste ou une simple explication un changement radical du mode de jeu. Dans le monde de la musique synthétique, ce changement peu nécessiter une démarche longue et complexe.
Il arrivera même que, face à une impossibilité, voire une simple difficulté, il y ait une modification immédiate de la composition. Lorsque cela se produit, il y a tout lieu de s’attrister, cela signifie que la « machine » a contraint le compositeur !
Dans notre nouvel univers, l’obsession de la crédibilité du son synthétique peut devenir lancinante au point d’amener des excès tel que glissandi, vibratos en tous genres, modes de jeux ultra variés tels que ponticello, sul tasto, ou jeu ultra-romantique, etc. comme pour dire à l’auditeur: « voyez comme ce son est vrai« . Il arrive bien souvent en écoutant de vrais orchestres de se dire que si nous faisions entendre tel ou tel passage à un auditeur croyant qu’il s’agit de musique synthétique, celui-ci nous dirait : « ce passage n’est pas crédible, cela fait synthé, ce n’est pas assez timbré ou pas assez vibré ou trop juste… (!) ».
Notre nouveau chef d’orchestre/interprète doit avoir une connaissance organologique sans faille et une expérience auditive immense, acquise en côtoyant longtemps les instrumentistes et les orchestres. Il doit tout savoir sur tous les instruments y compris les plus mystérieux comme la harpe ou le cor… En bref notre personnage doit être un musicien cultivé et expérimenté.
Enfin c’est le cyber musicien qui assure de bout en bout les tâches techniques. Pour que ces tâches ne perturbent pas la fonction créatrice, elles doivent être particulièrement bien maîtrisées au niveau de l’informatique, des techniques MIDI, audio et de la synthèse de sons. Ceci étant, il reste plus facile à un musicien de devenir un bon technicien que l’inverse, car il faut un cursus construit dès l’enfance pour être un musicien accompli.
Cette dernière remarque amène une belle volée de bois vert à l’auteur en général. Il ne s’agit pas d’affirmer qu’il est impossible de devenir un bon compositeur si l’on a pas commencé le conservatoire à 6 ans, mais plus on s’y prend tard et plus c’est difficile (mais pas impossible).
Apparemment c’est difficile à accepter, pourtant tout le monde convient que l’on ne décide pas à 18 ans de devenir danseuse étoile ou champion de natation ou gymnaste de niveau olympique. Il s’agit d’un cheminement qui se construit dès la petite enfance.
Tant qu’il s’agit d’interpréter un son de piano, de clavecin, d’orgue, de percussion ou même de harpe avec un clavier MIDI, cela se fait sans réelles difficultés. Mais si l’on souhaite imiter un autre instrument la tâche se complique. En effet, le clavier n’est pas une interface qui permet facilement de contrôler le son pendant qu’il est tenu. Il se trouve que tous les instruments à vent et à cordes frottées voient leur son modifié en permanence par le musicien après l’émission. Pour ces instruments, l’instrumentiste fait varier le volume le timbre et la hauteur en permanence. De surcroît les modes d’émission initiale du son peuvent être très variés, aussi bien du point de vue de l’attaque (coup de langue, sens de l’archet, endroit de l’archet), que de l’enchainement des sons (détaché, lié etc…).
Même si les claviers MIDI modernes sont dotés d’une sensibilité à la vitesse d’enfoncement de la touche (vélocité), de l’aftertouch (contrôle d’un paramètre par ré-enfoncement la touche après l’émission de la note) et de multiples molettes et pédales, il est impensable d’imiter ainsi tous les micro-gestes instrumentaux du musicien. Certains de ces gestes sont difficiles à analyser, voire même à percevoir car ils participent à une impression globale et non individuelle. Ceux-ci sont parfois effectués inconsciemment par le musicien, d’autres sont liés à des phénomènes physiques aléatoires au niveau de l’instrument lui-même et enfin des micros objets sonores considérés parfois comme indésirables participent aussi au son de l’instrument (frottements d’archets, bruits d’air, de clés, glissements de doigt sur la corde, inspiration d’air etc..).
Le jeu d’un tel instrument au clavier sans autre effort que celui de jouer les notes donne un résultat pauvre, robotique et peu crédible.
On entend assez souvent ce genre de chose malheureusement. Il ne suffit pas de disposer d’une excellente banque de son et d’enchainer quelques accords au clavier pour que cela sonne comme un vrai orchestre et une œuvre de John Williams ! Réaliser de la musique symphonique de qualité, nécessite une grande expertise.
Il faut absolument utiliser des contrôleurs Midi pour faire varier la hauteur, le timbre, le vibrato et envoyer des keyswitchs.
Mais (en dehors de la scène pour laquelle c’est indispensable), on préfèrera saisir les notes et leur attribuer à postériori, toutes les commandes nécessaires :
Ci-dessous : key editor dans Cubase pour choisir un échantillon à chaque note, et toutes sortes de contrôleurs